Pour compléter la note du 18/12 deux lectures indispensables à tout cépiens qui se respectent, surtout par ces temps de léger frimas:
Histoire de la vigne & du vin en France, des origines au XIXe siècle
Réedition du livre de Roger Dion, écrit dans le prolongement de l'article de 1952. Il y développe son idée que la qualité des vins de France ne tient pas seulement à celle des terroirs, ni à celle des cépages. Elle dépend surtout de la position géographique des vignobles par rapport aux marchés, des goûts et des attentes des clients. Les crus classés de Bordeaux? Ils doivent leur richesse à la stratégie commerciale des Anglais, qui ont cherché dès le Moyen Âge des produits de qualité pour un marché formé de princes et de négociants. Les grandes appellations de Bourgogne? Elles s'expliquent par les exigences de la cour des ducs de Bourgogne à Dijon. Le nez frais et ouvert des Côtes-du-Rhône septentrionales, dominé par de subtiles notes épicées? Il doit son originalité aux attentes de la bourgeoisie lyonnaise. Le succès du Champagne? Il résulte d'une invention anglaise qui a connu une grande vogue dans la haute société britannique et française. À l'inverse, le Languedoc a mis du temps à produire des vins de qualité car la région a connu des difficultés à l'export: ses péniches qui descendaient le Canal du Midi étaient bloquées avant Bordeaux... Pour Roger Dion, le terroir est un " fait social et non géologique ", une construction historique avant toute chose. Une plongée indispensable dans l'histoire et la géographie pour comprendre la grande aventure des vignobles et du vin français.
Deuxième ouvrage, édité en même temps par les éditions du CNRS:
Le bon vin entre terroir, savoir-faire et savoir-boire : Actualité de la pensée de Roger Dion
Sous la direction de Jean Robert Pitte, de nombreux auteurs reviennent sur les apports de la pensée de Roger Dion. 25 contributions qui permettent de développer la notion de dégustation géo-sensorielle (je vous laisse découvrir), de comprendre la notion de terroir pour le saké (oui!) ou de se rendre compte que la Révolution Française doit plus au jus de treille et à la guerre des Barrières qu'au Grímsvötn et au Lakagígar.
Interrogation par le Président au prochain dîner?
D'ici là Bonnes DéGustations